Née à Sainte-Claire, comté de Bellechasse dans la belle région de Chaudière-Appalaches, le destin de Gisèle Boutin-Desjardins change lorsqu’elle s’installe en Alberta en 1977. Artiste sensible et interprète de sa francophonie, Gisèle ne tarde pas à devenir une figure importante de sa nouvelle communauté, occupant des postes d’administratrice du théâtre pour la défunte Boîte à Popicos, de direction adjointe au secrétariat provincial de l’ACFA et de directrice du Centre Marie-Anne-Gaboury.

Peintre travaillant dans un style réaliste, Gisèle appuie et fait reconnaitre les artistes albertains émergents. En 1997, elle décide de se consacrer à la défense de « la cause de l’Art » et crée la Société francophone des arts visuels de l’Alberta (SAVA) et le Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA). « Gisèle a offert une vitrine extraordinaire à nos artistes en arts visuels. Elle a de plus permis à toutes les régions albertaines de découvrir et s’approprier cette forme artistique », partage un ami, Jean Johnson.

La cause de l’Art n’est jamais gagnée d’avance et exige beaucoup de conviction et de persévérance. Persuadée que l’Art est un facteur d’enrichissement et de développement communautaire essentiel, Gisèle s’évertue à identifier de nouveaux concepts pouvant appuyer les artistes visuels locaux. Dans un souci de créer des transversalités entre la création artistique et le sens d’appartenance à la communauté franco-albertaine, en 2011, elle ouvre la galerie d’art PAVA (Pavillon des arts visuels de l’Alberta) dont l’objectif était d’aller à la rencontre des publics pour les sensibiliser à l’Art et à la création artistique. Cette galerie ferme les portes en 2015, victime de compressions budgétaires. D’autres initiatives comprennent une exposition de courtepointes historiques en 2010, un projet réalisé en partenariat avec les bureaux régionaux de l’ACFA; et la collecte de fonds Jazz’Art, un événement très populaire qui associe des musiciens jazz et des artistes qui préparent une peinture pendant que les musiciens jouent ; les œuvres d’art sont ensuite vendues aux enchères.

Autrefois situé à la Cité francophone, depuis 2003, le Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA), a pignon sur rue dans le nord du quartier Bonnie Doon à Edmonton. Espace axé sur l’exposition et la diffusion des arts visuels en Alberta, le CAVA contribue au développement des rapports entre l’art visuel et le public en général. Malgré le fait que ce dernier ne soit pas situé à la Cité francophone, Gisèle a toujours réussi à ce que l’édifice du quartier Strathearn soit reconnu comme étant un espace dédié aux arts visuels.

Gisèle a toujours été convaincue que les organismes communautaires représentent une ressource importante dans le cadre des programmes d’éducation artistique offert aux élèves. Elle s’est toujours assurée que le CAVA joue son rôle d’appui à l’enseignement de l’éducation artistique autant à l’intérieur qu’à à l’extérieur de l’école. Aux fils des ans, plusieurs artistes visuels ont présenté des ateliers dans les écoles et ont été des modèles aux élèves afin d’illustrer la pratique de leur métier. D’autres artistes ont appuiés les activités des camps d’arts visuels estivaux coordonnés annuellement par le CAVA.

Lors de la remise des Prix d’excellence de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) en 2008, Gisèle Boutin-Desjardins reçoit le prix Eugène C. Trottier pour sa contribution à la visibilité des Franco-Albertains(e)s.
« Il faut surtout se rappeler sa générosité et son grand cœur », souligne sa grande amie, Thérèse Dallaire. En effet, lors du décès du jeune artiste franco-albertain de Beaumont dans un accident de la circulation à New York, Gisèle non seulement appuie la famille dans la création d’un fonds commémoratif mais aussi coordonne une exposition mettant en vedette l’héritage artistique du jeune artiste.

Gisèle Boutin-Desjardins meurt le 18 novembre 2015 d’un cancer à l’âge de 77 ans.