ARTISTES

Clémentine POITRAS

Artisane, décoratrice, peintre.
Née en 1887, à Ely, dans l’ancien comté de Shefford (maintenant la Montérégie), au Québec
Décédée en 1973 et enterrée au cimetière de Bonnyville, en Alberta

Clémentine POITRAS

Clémentine Poitras grandit dans une famille où tous les membres sont très industrieux. Elle apprend de sa mère à utiliser son talent manuel pour créer toutes sortes d’artisanat et d’accessoires décoratifs pour la maison. C’est lors d’un séjour de neuf mois à Chicago, alors qu’elle travaille dans une compagnie de papier-crêpe, qu’elle trouve le matériau de base avec lequel elle confectionne par la suite la plupart de ses œuvres, une sorte de papier-mâché facilement malléable et se solidifiant en séchant. Clémentine manipule cette pulpe telle une sculptrice habile pour lui donner la forme qu’elle désire. De retour à Montréal après son séjour américain, en plus d’enseigner sa technique aux petits dans les écoles, elle trouve un marché pour son artisanat auprès d’une firme de bijoutiers qui l’invite à créer des décorations, des cartes de table et des pièces ornementales.

La famille Poitras déménage ensuite en Californie et s’installe à la Old Mission de San Diego où le père gère le bétail et la ferme. Quand les prêtres quittent soudainement la mission, la famille déménage dans le bâtiment principal et il revient à Clémentine de faire visiter les lieux aux touristes. Ceux-ci aimant repartir avec un petit souvenir de l’endroit, Clémentine se met à créer des objets pour la vente: chapeaux et sacs de courses faits de raphia (feuilles de palmiers), presse-papiers en bois d’olivier à l’effigie de la mission, sculptures en plâtre et cartes postales.

En 1917, après que le père de Clémentine soit décédé, la famille quitte la Californie pour s’installer en Alberta, endroit idéal pour vendre le bétail accumulé à la mission. Dans cette jeune province, « il y a de la place pour tout le monde »*. Les membres de la famille achètent un terrain à Edmonton dans le quartier Rossdale et y construisent une petite maison. Clémentine et sa mère aménagent ensuite un immense potager, une grande volière et de nombreuses cabanes à oiseaux. Le frère de Clémentine s’installe éventuellement à Anshaw (maintenant Bonnyville), pour reprendre le travail de la ferme comme son père.

À Edmonton, Clémentine est très prolifique dans ses activités artistiques et artisanales, comme en témoignent des articles dans le Edmonton Journal. Tout au long des années 20 et 30, elle présente fréquemment ses œuvres dans des foires et des événements. Ses installations, composés de figurines et de décors imitant la vie réelle, représentent des scènes domestiques (une cuisine canadienne-française; un campement autochtone), religieuses (la nativité et les Rois mages) ou historiques (Marie-Antoinette au château). Également présentées dans les vitrines des commerces à Edmonton, ses reconstitutions peuplées de personnages éblouissent les gens qui passent dans les rues commerciales et s’arrêtent pour les admirer. Pour créer ces reproductions si vivantes, elle utilise tout ce qui lui tombe sous la main; feutrine, laine, tissu, cuir, fil de fer, pièces de bois sculpté et, bien sûr, la pulpe de papier. Elle affectionne particulièrement les animaux, surtout les oiseaux qu’elle reproduit en grand nombre et, en 1932, elle présente un zoo de papier à l’Exposition de Toronto.

Elle maitrise également la broderie qu’elle ajoute aux vêtements et crée des œuvres décoratives telles que des abat-jours et des chandeliers. Lors des événements organisés par les Canadien-français, elle signe très souvent la création des centres de table et des décorations.

On mentionne son nom des dizaines de fois dans le journal La Survivance, autant pour son artisanat que pour sa participation au Cercle des Bonnes Amies, un club social pour jeunes femmes célibataires canadiennes-française. On apprend aussi dans les chroniques de ce journal qu’elle fait partie des comités de la radio et de la chorale et qu’elle est toujours présente aux anniversaires ou aux banquets des différents organismes francophones actifs à l’époque. Après la mort de sa mère en 1933, Clémentine s’installe plus définitivement à Bonnyville auprès de son frère et continue de visiter sa sœur qui est repartie vivre en Californie.

Aujourd’hui, on retrouve au Musée de Bonnyville la Collection Clémentine Poitras, une exposition de figurines charmantes réalisées entre 1920 et 1950, faites de matériaux domestiques, tels que le cuir, le fer-blanc et le tissu.

Fermer menu