DISCIPLINES
Chanson / musique
Le rôle de la chanson et de la musique dans
le développement de la communauté francophone de l’Alberta
Dès le début de son histoire en Alberta, la communauté francophone se donne des associations, des services, des institutions. On se rencontre on s’organise, on se regroupe pour affirmer son identité, pour protéger ses droits et pour vivre sa culture dont les racines remontent à l’arrivée des coureurs de bois et des premiers colons.
Et dans tout ceci, la chanson et la musique francophones jouent un rôle des plus important. Dans les nombreuses communautés francophones éparpillées un peu partout dans la province, les gens chantent à l’église et à l’école ; ils chantent lors des soirées de famille et des rencontres communautaires. Ils organisent des fanfares, des festivals, des chorales ainsi que des soirées dramatiques et musicales. Ils chantent à la radio et à la télévision. Ils chantent pour se divertir mais aussi pour créer un sens de communauté. Mais plus que tout, ils chantent pour rester francophone.
La musique francophone dans les premières communautés
Si dans les grandes communautés francophones comme Edmonton les gens ont accès à de nombreuses activités artistiques en français, ce n’est pas toujours le cas dans les petites régions éloignées où il n’y a pas encore de radio ou de télévision. Pour briser l’isolement, on organise des soirées paroissiales, des veillées de famille, des parties de cartes. Or, ces soirées se terminent presque toujours par la présentation d’une pièce de théâtre, par de la musique et du chant. Soulignons que ces représentations dramatiques et musicales sont offertes à tour de rôle par différentes familles faisant en sorte que tous les talents du village sont mis en évidence.
Et puis chaque paroisse a ses vedettes. Parmi les artistes les mieux connus d’Edmonton, par exemple, il y a Jacques Sylvestre (ténor), Annette Pepin (pianiste) Bérengère Mercier (soprano) et Gertrude Baril (pianiste). À Legal, M. le Dr et Mme Riopel sont très appréciés ; à Bonnyville il y a, entre autres, Nap Vallée et Lucien Hétu. À Picardville, Jacques et Ernest Forestier sont reconnus comme étant d’excellents chanteurs.
Plusieurs centres francophones ont aussi une fanfare. À Lamoureux c’est L’orchestre Langlois ; à la paroisse Immaculée-Conception d’Edmonton, il y a L’orchestre Martin, à Saint-Albert, L’orchestre Lafranchise et L’orchestre Giroux qui célèbre son 20e anniversaire en 1934.
Et on se visite. L’orchestre de Saint-Albert participe au spectacle de la Saint-Jean-Baptiste à Edmonton et le ténor Jacques Sylvestre va chanter à Morinville. Et aux débuts des années 1930, les artistes des grandes villes ainsi que ceux des régions, participent aux concerts français d’une demi-heure diffusés deux fois par mois sur les ondes de CJCA sous les auspices de l’ACFA. En 1932, sur une période de sept mois, CJCA diffuse vingt-cinq concerts français auxquels 295 personnes participent, quelques-unes dans plusieurs émissions.
La musique et le chant sont d’excellents moyens de célébration lors des grandes fêtes telles que la Saint-Jean-Baptiste, mais aussi lors des grands et des petits événements de la communauté – les mariages, les baptêmes, les rencontres de jeunes et les regroupements religieux et sociaux.
Mais peu à peu, lors des veillées communautaires, on laisse tomber le chant et le théâtre en faveur du cinéma qui remplace la pièce de théâtre et le concert de chant préparés et interprétés par les artistes locaux. Les gens changent de rôle : les artistes deviennent des spectateurs.
On chante dans les églises
La musique sacrée occupe une place de choix dans les nombreuses paroisses francophones.
Chaque paroisse a son harmonium ou son orgue quel que soit l’état de l’édifice qui sert d’église à l’époque. Certaines paroisses, toutefois, ont plus de moyens financiers que d’autres et peuvent se permettre l’achat d’un instrument musical plus élaboré. Ainsi, en 1913-1914 les paroisses de l’Immaculée-Conception et de Saint-Joachim d’Edmonton achètent des orgues Casavant de grand prix.
Bien que les paroisses dans les plus petits centres n’aient pas une chorale permanente, les grandes paroisses de la ville d’Edmonton ont des chorales bien établies. Celles-ci existent depuis de nombreuses années et certaines jouissent d’une excellente réputation. Par exemple, en 1898, le premier journal francophone, L’Ouest canadien, décrit la chorale de Saint-Joachim comme étant la meilleure chorale des Territoires du Nord-Ouest.
Chaque paroisse a aussi son maître de chapelle. À Bonnyville c’est M. Casimir Chatel ; à Vimy c’est François Fortier ; à Saint-Vincent c’est Ernest Chartrand ; à Falher c’est Léo Lavoie et à Saint-Paul, c’est le père Larose. À Saint-Joachim d’Edmonton il y aura plusieurs maîtres de chapelle mais Gédéon Pépin et Louis Desrochers sont parmi les mieux connus.
Et de manière générale, les chorales d’église possèdent un répertoire impressionnant. Lors des grandes fêtes – à Noël, lors des cérémonies de Pâques et lors de la fête patronale du curé de la paroisse – on chante une messe spéciale : la messe de Sainte-Cécile de Gounod ou la messe du Sacré-Cœur de Edmond Tozer, par exemple.
Les chorales d’église participent aussi aux célébrations et soirées dramatiques et radiophoniques de la communauté. Par exemple, le 22 décembre 1930, le troisième concert français diffusé sur les ondes de CJCA met en vedette la chorale de la paroisse Saint-Joachim.
On chante dans les écoles, les collèges, les couvents
Rappelons qu’en 1892, le Conseil des Territoires du Nord-Ouest adopte l’anglais comme seule langue officielle d’enseignement mais qu’au fil des ans, grâce aux revendications des francophones, de nouvelles ordonnances permettent l’enseignement du primary course, à savoir le droit d’utiliser le français comme l’une des matières scolaires autorisées et comme langue d’enseignement des autres matières durant la première année. À compter de 1925 de la 3e année à la 8e année (la 9e en 1944) une période ne dépassant pas une heure par jour pourra être consacrée à l’enseignement du français. Les écoles qui enseignent le primary course et une heure de français par jour sont alors connues sous le titre soit d’écoles françaises ou plus tard d’écoles bilingues. En 1941 il y a 95 “écoles bilingues” en Alberta.
Dans ces écoles, les enseignants profitent de toutes les grandes fêtes – Noël, Pâques, la Sainte-Catherine, la fête de Dollard– pour organiser des concerts où la chanson d’expression francophone occupe une place de choix.
On chante aussi dans les couvents et dans les grands collèges. Par exemple, à l’Académie Assomption d’Edmonton, la musique joue un rôle clé dans l’éducation des jeunes filles. On chante beaucoup au Collège des Jésuites et au Juniorat /Collège Saint-Jean. Et toutes les chorales qui naissent dans ces institutions au fil des ans font partie des grandes célébrations de la communauté.
Les festivals
Avec la création en 1926 de l’Association des instituteurs bilingues de l’Alberta (AIBA) et de l’Association des éducateurs bilingues de l’Alberta (AEBA) en 1946, on voit naître les grands festivals de la chanson d’expression française partout en province. Le premier a lieu en 1936. Ces festivals regroupent des milliers d’étudiants et leurs parents. Par exemple le 29 mai 1949, près d’un millier de personnes sont présentes au Festival français d’Edmonton. Le 10 mai 1956, plus de mille élèves se réunissent à Falher pour le grand festival de la chanson d’expression française.
Les grandes chorales
À compter de 1967, l’organisation internationale des chorales À Cœur Joie vient remplacer l’ancienne formule des festivals de la chanson. Mis en place par Sœur Thérèse Potvin, avec l’appui de Suzanne Dalziel, Albert Lafrance, Léonard Rousseau Laurier Bison et Rachel Jean, Alliance chorale de l’Alberta est le maître d’œuvre qui vient appuyer le travail du nombre toujours croissant de chorales franco-albertaines.
En 1968, un concert Chœur à cœur regroupe trois chorales : les 67 de Bonnyville, les Chantamis d’Edmonton et la Chorale du Collège Saint-Jean. En 1972, de nouvelles chorales viennent s’ajouter à la liste : la chorale Chantejoie de la Rivière-la-Paix, les Musicos de Saint-Paul et le chœur professionnel Pro-Coro fondé par Michel Gervais en 1976.
En 2021, Edmonton compte cinq chorales dont une chorale d’aînés Mélodie d’amour, la chorale de jeunes adolescents Clé et les Chantamis, toutes sous la direction de Marie-Josée Ouimet et la Chorale Saint-Jean sous la direction de Laurier Fagnan. En septembre 2016, la communauté accueillait une chorale d’enfants, Les petits chanteurs de Saint-Jean.
En 1973, Edmonton est choisi pour recevoir les troisième Choralies internationales. Pendant cette période de grande effervescence, presque chaque école bilingue a un chœur d’enfants et presque chaque communauté francophone a une chorale d’adultes. En 2012, Edmonton accueille une fois de plus les Choralies internationales.
On chante et on fait du théâtre
En 1932, Gédéon Pépin, maître de chapelle à la paroisse Saint-Joachim et son collègue Alphonse Hervieux, l’âme du théâtre franco-albertain, montent plusieurs soirées dramatiques et musicales. Certaines communautés vont aussi présenter ce qu’on appelle à l’époque des opérettes. Toutefois pour les comédies musicales originales à grand format et à grande distribution avec musique danse et textes originaux, il faut attendre à 1999 et les comédies musicales de France Levasseur-Ouimet.
Le chant classique
Plusieurs francophones se distinguent dans le domaine du chant classique. Il suffit de présenter quelques exemples afin de démontrer le calibre des artistes francophones de l’époque.
Natif d’Edmonton, Bernard Turgeon va chanter au Canada, en Europe, en Russie et aux États-Unis. En 1967, il joue le rôle de Louis Riel en première mondiale avec le Canadian Opera Company de Toronto. En 1975 cet opéra est rejoué pour le Président Ford et le Premier ministre Trudeau lors de la célébration du bicentenaire à Washington DC. Par la suite monsieur Turgeon sera directeur du programme d’opéra à la University of Alberta et de la Division opera à l’école des beaux-arts de Banff.
Née à Bonnyville, la soprano Cécile Vallée-Jalbert obtient le premier prix de virtuosité du Conservatoire de Genève et premier prix du Concours de la Mélodie française à Paris. Au cours de sa carrière, elle fait plus d’une centaine de prestations à l’opéra.
Carmen Tellier-Bourret d’Edmonton chante pour plusieurs groupes dont le Alberta Opera Co le Edmonton Symphony, leEdmonton Chamber Music Society, le Edmonton Opera Association et les Choralies internationales.
Jean Létourneau, ténor soliste avec la Symphonie de Montréal et la Toronto Symphony et le premier ténor soliste au Radio City Music Hall de New York, est un des fondateurs et le directeur musical de la première compagnie amateur d’opéra au Canada, groupe qui deviendra en 1963 le Edmonton Professional Opera Association. En 1962, il dirige Il Trovatore et en octobre 1964, il dirige Rigoletto, deux opéras auxquels participent un nombre important d’artistes franco-albertains de sorte que l’on puisse dire que les francophones participent très activement à la création du Edmonton Opera Society.
Ajoutons à la liste de noms ceux de Paul et Lucien Lorieau qui interprètent plusieurs rôles pour l’opéra d’Edmonton et l’opéra de Winnipeg ainsi que les noms de Bérengère Mercier, Jacques Sylvestre, Élise et Aimé Déry, Catherine Kubash et celui de Robert Goulet, un ancien élève du Collège Saint-Jean qui a fait grande carrière aux États-Unis en chant populaire.
À l’époque des boîtes à chanson
En 1967, ce sont maintenant les petits groupes tels que Les Copines et Les Mikis (Denis Magnan, Denis Lord, Maurice Soulodre) ainsi que les chanteurs individuels tels que Paulette Lorieau, Michelle Diamond, René Aubin, Gabrielle Bujold, Jean-Claude Lajoie, Jacques Chauvin, Ghislain Bergeron, Pierre et Joanne Lamoureux et France Levasseur, qui occupent la scène de la chanson populaire. En octobre 1972, celle-ci est la première à participer au Festival de la chanson de Granby.
La première boîte à chanson a lieu au sous-sol de l’église Saint-Joachin en 1968. Elle est organisée par le Comité des jeunes du Cercle Edmonton de l’ACFA. La boîte à chanson est le lieu privilégié pour créer une intimité entre les chanteurs et leur public.
Une route à sens unique
Plusieurs artistes de grande renommée visitent les communautés franco-albertaines : Félix Leclerc en juin 1963, Gilles Vigneault en juillet 1964, Pierre Calvé en mars 1970 et Willie Lamothe en 1974. Il y aura aussi une tournée de Jean-Pierre Ferland, les spectacles de Pauline Julien, de Robert Charlebois, de Daniel Lavoie, etc.
Aussi important que soit l’apport des artistes d’ailleurs, pendant longtemps, le développement de la chanson d’expression française en Alberta demeure une route à sens unique allant d’est en ouest. Il va falloir plusieurs années avant que les artistes francophones de l’Alberta soient à leur tour capables de dépasser les frontières de la province pour se rendre d’abord dans les autres communautés francophones de l’Ouest pour ensuite se rendre au Québec, en Acadie et en Europe.
La contribution de la radio et de la télévision
Au fil des années, la radio encourage beaucoup les chorales et les artistes. Mais il y a plus. Avec l’ouverture en 1949 du poste CHFA, la chanson fait un saut vers l’avenir. On a maintenant accès à la chanson populaire de la France et du Québec. Avec le temps les chanteurs de grande renommée font partie du quotidien des Franco-albertains.
Il faut aussi souligner l’apport de la télévision à compter de 1961. Dès son entrée en ondes, CBXT, la télévision de CBC appuie le développement de plusieurs atrtistes tels que Michelle Diamond et le groupe Les Copines. Avec l’arrivée de CBXFT – la télévision française – en 1970 – la diffusion de nos talent locaux deviendra plus régulière.
La contribution des organismes
Plusieurs associations et organismes s’occupent des artistes franco-albertains mais le travail de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) est particulièrement important. En 1977, l’ACFA met sur pied la Commission culturelle dont le premier employé est Jean-Claude Lajoie de La Corey. Le rôle de ce dernier était de parcourir la province pour soutenir les initiatives locales. La commission culturelle sera dissoute peu après l’arrivée de Yves Caron à l’ACFA et ses activités absorbées dans celles du nouveau secteur culturel. De là, la création de l’agence Détour en 1987 dont le mandat est de proposer des spectacles de nos artistes en province et au-delà. Sur la lancée du premier Gala provincial de la chanson française du 10 juin 1989, organisé par CHFA pour marquer les 40 ans de la radio française, l’ACFA collabore avec CHFA pour créer le Gala interprovincial de l’Ouest moins d’un an plus tard, le 8 juin 1990. Les maîtres d’œuvre de ce nouveau concours visant à rassembler les nouveaux talents des quatre provinces de l’Ouest sont Yves Caron, le directeur du Secteur culturel de l’ACFA et Ronald Tremblay, l’instigateur du Gala provincial de l’année précédente. Au fil des ans, vont apparaître sur cette scène des artistes tels que Crystal Plamondon, Joël Lavoie, Ariane Mahrÿke Lemire, Marie-Josée Ouimet, Pierre Sabourin, Lise Villeneuve et Josée Lajoie. Plusieurs musiciens locaux tels que Paul Lamoureux, Robert Walsh et Pierre-Paul Bugeaud deviendront des piliers des événements, concours et autres.
Depuis les années 1990, des associations telles que le Centre de développement musical (CDM) et le Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA) assurent la relève en travaillant au développement musical de la jeunesse franco-albertaine ainsi qu’à la professionnalisation d’un nombre grandissant d’artistes. Une des dernières venues dans le groupe – mais non la moindre – est l’Association FrancoMusik Alberta. Fondée en 2018, l’organisme s’est donné comme mandat le développement des artistes professionnels de la chanson francophone en Alberta.
Les premiers enregistrements.
Avant les années 1980, très peu de gens osent écrire leurs propres chansons. Parmi les grands précurseurs, il y a quelques rares individus tel que Gédéon Pépin et plus tard des gens tels que Gabrielle Bujold, Jacques Chauvin et le groupe Elite de l’école Maurice-Lavallée d’Edmonton, dont les activités – y compris la production d’un 45 tours – pré-dataient la Chicane albertaine du CDM par plus d’une décennie.
La Nouvelle Chanson : enfin, une chanson qui nous appartient (1989-2009)
L’époque de La Nouvelle Chanson (1989-2009) fait son apparition quelques années après celle des boîtes à chanson. Parallèlement, les chorales poursuivent leur rôle d’événements rassembleurs au sein de la communauté en faisant valoir certaines de nos plus belles voix.
En juillet 1988, la direction de la radio française de Radio-Canada en Alberta, CHFA, entreprend les préparatifs en vue des célébrations des 40 ans d’existence de la radio française l’année suivante. Parmi les projets retenus, la tenue d’un gala provincial de la chanson. Proposé par le réalisateur Ronald Tremblay, cet événement serait basé sur les concours auxquels il avait lui-même participé à la fin des années 1970 en Acadie. L’initiative viendrait répondre au besoin pressant de dépister et de former de nouveaux talents de la chanson comme â se passait ailleurs au pays.
Un lien devrait tout d’abord être tissé avec le Festival international de la Chanson de Granby. Plus facile à dire qu’à faire. Jusqu’à ce moment-là, Granby limitait ses interventions dans l’Ouest canadien au Manitoba où se tenaient des auditions annuelles.
Le premier Gala provincial de la chanson française a eu lieu devant une salle comble à l’auditorium de la Faculté Saint-Jean à Edmonton le 10 juin 1989. Quatre artistes ont été retenus parmi les dix artistes identifiés d’un peu partout en province. Les quatre ‘pionniers’ de ce qui allait devenir une tradition annuelle sont Crystal Plamondon, originaire du village de Plamondon ; Josée Lajoie, de La Corey ; Lori-Lee Turcotte, de Falher ; et Yvon Loiselle, un Franco-Ontarien résidant à Edmonton. Au grand bonheur des organisateurs et du public, les quatre artistes ont été réunis en 2019 à l’occasion de la célébration de 30 Ans de Chanson d’ICI.
Le lauréat de ce premier gala de l’Alberta se verrait assuré une place aux quarts-de-finales du concours de Granby à l’automne. Le choix du jury s’est arrêté sur Josée Lajoie. Et ce sera le cas pour trois jurys au rythme des étapes à Granby où Josée a finalement été couronnée lauréate chez les interprètes. Ce résultat inespéré s’est avéré le coup d’envoi nécessaire pour le début d’une percée de nos artistes en voie de professionnalisation sur la scène nationale. À sa troisième édition en 1992, le Gala provincial devient le Gala albertain de la chanson. Au fils des ans, on y aura applaudi une centaine d’artistes, dont Joël Lavoie, Ariane Mahrÿke Lemire, Raphaël Freynet, Renelle Fagnan, Lise Villeneuve, Pierre Sabourin, Matthieu Damer, Mireille Moquin, barobliq et les Pères Marlous, les lauréats en titre de La Chicane albertaine.
Polyfonik : multidisciplinaire et dynamique (2010-)
Il avait d’ores et déjà été décidé que la 20e édition du Gala albertain de la chanson serait la dernière avant même sa tenue en 2009. C’était une vitrine qui avait rempli sa mission de dépistage et de formation, au point que ses premiers participants étaient souvent devenus professionnels. Certains s’étaient illustrés aux niveaux régional et national. Mais le Gala albertain de la chanson faisait du sur place depuis quelques années.
D’où l’entrée en scène – littéralement – de Josée Thibeault, une artiste multidisciplinaire qui propose une nouvelle formule, dynamique et proactive, un point de rencontre des différentes disciplines artistiques et où les artistes établis serviraient de complices aux polyfoniciens. Une approche qui a porté des fruits et qui nous a fait découvrir ceux qui sont aujourd’hui les chefs de file de notre chanson : Paul Cournoyer, Renelle Rae, 2Moods, Stéphanie Blais et Cristian De La Luna. Au fil des ans, ces artistes en voie de professionnalisation ont été appuyés par des mentors tels que Steve Jodoin, Joëlle Préfontaine, Casey Edmunds et le conteur Roger Dallaire.
Hélas, la fin des années 2010 a vu beaucoup d’événements de la chanson se redéfinir à travers l’Ouest et le Nord canadien et Polyfonik n’a pas été épargnée. Après 2014, on abandonne peu à peu la formule de mentorat.
La Chicane albertaine (2001-)
Alors que Polyfonik est sur sa lancée initiale, le concours de groupes La Chicane albertaine prend de l’importance. Créée par le CDM en 2001 et inspirée par La Chicane électrique du 100 Nons au Manitoba, ‘La Chicane’ offre aux étudiants de niveau secondaire l’opportunité d’obtenir des crédits tout en s’initiant à la création musicale dans un contexte éclaté. À sa première édition en 2001, le concours accueillait quatre groupes. Depuis le début des années 2010, l’événement a pris une telle ampleur que deux représentations sont souvent nécessaires pour accommoder tous les groupes participants. Plusieurs concurrents ayant pris part à La Chicane ont par la suite participé au Gala albertain, à Polyfonik et au Chant’Ouest.
Parmi les notables de l’histoire de La Chicane albertaine, on se doit de mentionner Léandre Bérubé-Bergeron. Le groupe Ménage à Trois – dont il fait partie avec son frère Gabriel Bérubé-Bergeron et leur ami Isael Huard – a suivi sa victoire à La Chicane albertaine de 2011 avec un premier prix aux Jeux de la Francophonie canadienne à Sudbury. Le trio de Saint-Isidore, dans le nord de l’Alberta était à ce point original. Plus tard la même année, Léandre – maintenant connu sous le nom de Tristam – effectue un rentrée remarquée en tant que réalisateur de musique électronique sur la plateforme Monstercat dont il devient une des vedettes. Tristam produit aussi de la musique plus mainstream depuis 2017. En date de 2022, Léandre / Tristam a sa base d’opération au Québec.
Ceux qui ont tracé le chemin.
Difficile de segmenter l’histoire comme nous l’avons fait dans les pages précédentes avec les époques qui se recoupent, les tendances qui vont et viennent. L’histoire semble s’être déroulée en perpendiculaire. À travers tout ça, la grande constante est le désir de conserver notre identité et de faire en sorte que notre culture demeure distinctive.
Jusqu’ici, on a beaucoup parlé des concours. Dans le cas de la chanson d’expression française, le concours est un point de rencontre facile à gérer. Il revient à intervalles réguliers, il est passablement encadré et il reçoit une aide appréciable de bailleurs de fonds. Mais ces événements déclencheurs ne définissent pas à eux-seuls ‘La Nouvelle Chanson’.
À titre d’exemple, ces trois artistes ont tracé le chemin vers l’Est.
En octobre 1972, France Levasseur, originaire de Fort Kent a été la toute première des nôtres à fouler les planches du Festival de Granby, accompagnée au piano par Denis Lorieau. Même si elle avait déjà en bagage ses premières chansons originales, la Franco-albertaine a opté pour des titres de la chanteuse française Eva, dont le succès Dis quand reviendras-tu. France Levasseur poursuivrait une carrière académique tout en conservant des liens tissés-serrés avec le domaine des arts de la scène, en composant des chants choraux et en écrivant un grand nombre de pièces de théâtre. Elle a écrit plusieurs des chansons contenues sur les trois disques de sa fille Marie-Josée Ouimet ainsi que des pièces sur demande pour la Chorale Saint-Jean et le groupe a cappella Chicoutiguy.
Jacques Chauvin de Girouxville donne dans le chansonnier en 1980 alors qu’il participe à aux éliminatoires du Festival de Granby. Quelques années plus tard, il produira plusieurs enregistrements destinés aux enfants, ce qui en fera un des artistes francophones les plus populaires de l’Alberta. Il se distance du métier pendant près de 20 ans avant d’y revenir dans à la fin des années 2010.
Gabrielle Bujold d’Edmonton possédait déjà un bagage impressionnant lorsqu’elle est déménagée au Québec en 1987, apportant avec elle ses rêves de carrière sous forme de pistes enregistrées en Alberta. Le produit final, Seule à rêver, a remporté un succès retentissant auprès du public québécois. Trois des titres ont été primés au palmarès québécois RadioActivité. Dans les années 1970, Gabrielle avait déjà enregistré quelques chansons en français sur 45 tours et sur son premier microsillon Positively Gabrielle. Gabrielle Bujold quitte la scène de manière définitive en 2005. Depuis son retour en Alberta en 2013, elle mène une carrière d’artiste visuelle et de comédienne.
La Nouvelle Chanson doit donc sa survie à une liste impressionnante d’artistes, de conteurs, d’interprètes, de directeurs musicaux et de musiciens doués, d’aujourd’hui et d’hier. Des gens polyvalents qui abordent le métier sur plusieurs fronts linguistiques. Cela permet à la communauté francophone de bénéficier de rencontres stratégiques et de collaborations essentielles. Si cela vient toucher certaines sensibilités, il faut réaliser que cela a toujours fait partie du décor et qu’on doit plusieurs de nos succès à ces retours d’ascenseur. Jason Kodie (du groupe Captain Tractor), Paul Lamoureux (Cirque du Soleil), Robert Walsh (Orchestre symphonique d’Edmonton, Andrea Menard) et Éric Doucet (Carter and the Capitals) sont autant d’ambassadeurs qui nous ouvrent des avenues encore inexplorées.
1988 a vu paraître un premier 45 tours de Crystal Plamondon et un EP de Lori-Lee Turcotte, suivis dans les années 1990, par des contributions albertaines aux compilations Micro-Ondes 2 (1992), RADO ’95 et RADO 2 et – Les pieds dans bouette par Lé Twés. Jusqu’à ce moment-là, chaque parution était un événement. À compter des années 2000, les productions se succèdent plus régulièrement. En Alberta, le producteur Robert Walsh donne le coup d’envoi avec les premiers disques de Pierre Sabourin, Marie-Josée Ouimet et Ronald Tremblay. Arrivé en Alberta du Québec en 1996, Robert Walsh a vite absorbé les sons et rythmes de notre communauté. Il succède à Paul Lamoureux à la direction des différents concours et événements, s’avérant un accompagnateur et arrangeur fort prisé. D’aucuns reconnaissent à Robert Walsh la créativité de son travail. Parmi les autres projets qu’il réalise par la suite, mentionnons les disques des groupes Allez Ouest et Chicoutiguy.
Promotion
La radio de Radio-Canada en Alberta, CHFA, a joué un rôle stratégique aux débuts de La Nouvelle Chanson. Tout d’abord, le premier Gala provincial de la chanson française de 1989 a été très médiatisé puisqu’il s’inscrivait dans la liste d’événements proposés pour célébrer le 40e anniversaire de la radio française. Le directeur de CHFA, Denis Collette, avait des consignes précises pour son équipe de réalisation : il fallait que l’auditoire se sente interpelé par chaque émission spéciale, chaque spectacle, chaque initiative.
Au fil des décennies, la radio et la télévision de Radio-Canada en Alberta a créé une place privilégiée à la chanson populaire. Au palmarès s’ajoutaient peu à peu les premières chansons d’artistes locaux par voie d’enregistrements phonogrammes réalisés par Radio-Canada. Pierre Sabourin, Roberta Michèle, Yvonne Carrier et plusieurs autres ont réalisé leurs premières chansons dans les studios de la Société d’État. C’est là qu’est née la chanson Suzanne par Pierre Sabourin, reprise sur disque et qui est devenue un classique de notre chanson. À la même époque, CHFA recevait de plus en plus les chanteurs en entrevue. Les auteurs-compositeurs parlaient de leur processus de création, les interprètes de leurs influences. Le Mai de la Chanson a fait son apparition à la radio dans les années 1990. C’était au moment où toutes les provinces de l’Ouest tenaient leurs concours provinciaux de la chanson en mai. En Alberta, on présentait les participants du Gala albertain à l’auditoire. Le Mai de la Chanson a fait des petits. Les autres provinces de l’Ouest ont emboîté le pas. Les provinces s’échangeaient des entrevues et des disques alors que se multipliaient les productions indépendantes. En 2010, l’émission Premier Balcon diffusait Polyfonik 21.
Le secteur culturel de l’Association canadienne-française de l’Alberta et ses régionales ont toujours été des liens essentiels entre les artistes et le public. Après avoir produit le Gala interprovincial de la chanson collaboré avec Radio-Canada, l’ACFA a accueilli le Gala albertain à Saint-Isidore (1994), à Bonnyville (1999) et à Calgary (2005). Entre 1996 et 2018, trois radios communautaires francophones ont été lancées à Rivière-la-Paix, Plamondon / Lac La Biche et Edmonton, et notre musique y est omniprésente. Depuis 2021, la plateforme Frabio – créée par l’hebdomadaire albertain Le Franco – permet l’accès aux trois radios communautaires.
En 2019, Radio-Canada, le Centre de développement musical et le Regroupement artistique francophone de l’Alberta annonçaient ’30 ans de la chanson d’ICI’, une célébration des trois décennies de notre chanson remontant au Gala provincial de 1989 – ainsi que du 30e Chant’Ouest qui revenait au bercail pour l’occasion. Radio-Canada Alberta et ICI Musique ont par ailleurs mis en ligne une sélection de chansons franco-albertaines remontant aux années 1980 sur la plateforme OHdio.
Depuis 2017, la chanson franco-albertaine a fait l’objet de deux publications : tout d’abord Franchir l’Espace, une initiative de la Société Chant’Ouest portant sur la chanson dans l’Ouest et le Nord entre 1967 et 2017, puis le présent ouvrage, Forces vives, qui documente l’ensemble des secteurs artistiques de l’Alberta francophone.
L’avenir dans la diversité.
La dernière décennie a vu apparaître sur les scènes albertaines des artistes qui nous fait cadeau de nouvelles sonorités et de nouveaux rythmes. Ils viennent du Congo Kinshasa, de la Colombie, du Kenya, de la Jamaïque et d’ailleurs. Ils s’appellent 2Moods, Aristoletes Canga, Karimah, Cristian De La Luna. Ils nous offrent de l’Afro Fusion, de l’Afro-punk, du Néo-soul, du Reggae et des rythmes latins. Tous ces artistes contribuent à un renouveau important de notre chanson.
La suite
On s’est beaucoup intéressé à la musique populaire dans ce sommaire. Les dernières 50 années n’en avaient souvent que pour elle. C’est pourquoi on doit remercier nos conteurs et folkloristes dont le travail donne tout autant dans le divertissement qu’en la préservation de l’histoire. De Roger Dallaire à Daniel Gervais, en passant par Carmen et Réal Croteau de Bonnyville et Chicoutiguy, vos rappels à l’ordre seront toujours essentiels.
Si nous pouvons dire que la chanson d’hier a su se faufiler dans les thèmes, les rythmes et les paroles de la chanson d’expression française d’aujourd’hui, nous devons ajouter que c’est surtout dans notre goût de chanter en français que l’on retrouve son influence.
France Levasseur-Ouimet Ph.D. D. Lettres et Ronald Tremblay, CM
SOURCES
FRANCHIR L’ESPACE P. 18 à 24 (Éd. Du Blé, 2017).
‘La chanson et la musique dans la vie de la communauté francophone de l’Alberta’ par France Levasseur-Ouimet – tiré de FRANCHIR L’ESPACE (P. 18 à 24) aux Éd. Du Blé, 2017.
Programmes imprimés des événements de la chanson entre 1988 et 2019, y compris le Gala albertain / polyfonik et le Gala interprovincial / Chant’Ouest puisés à même les archives personnelles de Ronald Tremblay.
‘Pierre Falcon’ par Margaret Chartrand et Denise Ménard, Encyclopédie canadienne, 3 novembre 2021 ;
‘La chanson de La Grenouillère’, auteur anonyme, tiré de Les Cloches de Saint-Boniface, vol 13, 15 mars 1914, p. 75-76.
‘Le mai de la chanson d’ici : Place aux artistes francophones de l’Ouest’. ICI Saskatchewan, 3 mai 2010 (fransaskois.info/radio-canada).
‘Historique de la chanson franco-albertaine’ et Francophone music in Québec, Ontario and Western Canada – Overview with some historical and political content (Document de travail non daté, compilé par Ronald Tremblay, pour usage interne).
FAITS SAILLANTS DE L’HISTOIRE DE LA CHANSON D’ICI
1816 – Pierre Falcon – dit ‘Pierriche’, le barde des Métis de la Rivière-Rouge – compose Chanson de la Grenouillère, le récit du combat des Sept Chênes (Seven Oaks). Il s’agirait de la première chanson d’expression française de l’Ouest canadien.
Années 1920-1940 – L’époque des grandes voix albertaines, dont celles de Bérangère Mercier d’Edmonton et Napoléon Vallée de Bonnyville.
1947 – Premier Festival de la Bonne Chanson organisé par l’Association des éducateurs bilingues de l’Alberta (AEBA)
1949 – Entrée en ondes de CHFA Radio Edmonton. La station fera partie du réseau français de Radio-Canada à partir de 1974.
1957 – 1e Festival de la chanson canadienne (Québec)
1967 – Inauguration du 100 Nons à Saint-Boniface au Manitoba.
1967-1968 – Mouvement choral À Cœur Joie en Alberta
1967 – CHFA propose ‘Salut les Copains’ animé par André Roy.
1968 – Première boîte à chanson franco-albertaine au sous-sol de l’église Saint-Joachim d’Edmonton. Ces spectacles intimes se répèteront de façon régulière jusque dans les années 1980.
1969 – 1e Gala provincial de la chanson de Caraquet, au Nouveau-Brunswick
1969 – 1e Festival de la chanson de Granby
1973 et 1980 – Festivals de la chanson organisés par Francophonie Jeunesse de l’Alberta.
1986-1988 – Trois des chansons l’album Seule à rêver de la franco-albertaine Gabrielle Bujold se retrouvent au palmarès québécois RadioActivité.
1988 – CBXFT, la télévision de Radio-Canada diffuse Les Artistes de Chez-Nous.
1988 – Crystal Plamondon et Lori-Lee Turcotte lancent des 45 tours.
1989 – 1e Gala provincial de la chanson française. L’événement est connu sous le nom de Polyfonik depuis 2010.
1989 – Après sa victoire au Gala provincial, Josée Lajoie est lauréate chez les interprètes au Festival international de la chanson de Granby.
1990 – Le 1e Gala interprovincial de la chanson – produit par l’ACFA provinciale et la radio de Radio-Canada Alberta – se tient à Edmonton. L’événement est devenu le Chant’Ouest en 1997.
1995 – Inauguration du Centre de Développement musical (CDM)
1996 – CKRP-FM fait son entrée en ondes dans la région de Rivière-la-Paix. La station deviendra Nord-Ouest FM en 2020.
1996-2003 – La belle époque du groupe Lé Twés. Le disque Les pieds dans bouette paraît en 1999.
1997-1998 – Crystal Plamondon anime CountryMax sur MusiMax, contrepartie francophone de MuchMusic à Montréal.
1998 – Événement Loin des Yeux…Près du Cœur a lieu à la Maison de la Culture Frontenac à Montréal.
2000 – Pierre Sabourin et Marie-Josée Ouimet lancent leurs premiers albums.
2001 – Le Centre de développement musical organise une première Chicane albertaine à Saint-Paul. Depuis plus de 20 ans, le concours met en en compétition des groupes rock formés de jeunes du secondaire de partout dans la province.
2001- L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) organise ses premiers prix Trille Or.
2002 – Fondation du Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA).
2003 – Les Productions Lez Arts d’Edmonton propose Trait d’union / Florilège albertain, une première compilation de chansons franco-albertaines.
2005 – Scène albertaine / Alberta Scene, au Centre national des Arts (CNA, Ottawa) à l’occasion du Centenaire de la province.
2005 – Le RAFA présente sa première vitrine artistique qui deviendra plus tard le Réseau albertain des Diffuseurs ou RAD.
2007 – Mise en place du Réseau des grands espaces, un lieu de rencontre des artistes professionnels de l’Ouest et d’ailleurs au pays.
2011 – Le groupe Ménage à Trois (Léandre Bérubé-Bergeron, Isael Huard, Gabriel Bérubé-Bergeron) remporte La Chicane albertaine et le premier prix aux Jeux canadiens de la Francophonie à Sudbury (volet artistique).
2011 – Léandre Bérubé-Bergeron devient Tristam et entame une carrière en musique électronique.
2012 – Boréal FM (CHPL-FM) diffuse ses premières émissions à partir de Plamondon.
2012 – À sa 23e édition, le Chant’Ouest devient le premier concours de la chanson francophone au Canada à se tenir au nord du 60e parallèle, à Whitehorse. Paul Cournoyer de l’Alberta est un des deux lauréats.
2017 – Lancement de l’ouvrage Franchir l’Espace, une anthologie des auteurs, compositeurs et interprètes de l’Ouest et du Nord canadiens (1967-2017).
2018 – Radio Cité (CFED-FM) devient la troisième radio communautaire francophone de l’Alberta.
2018 – L’Association FrancoMusik Alberta débute ses opérations
2019 – L’événement 30 ANS de Chanson d’ICI marque trois décennies de partenariat entre Radio-Canada, le CDM et le RAFA.
2020 – Le CDM lance le collectif Hiver nation, produit en pleine pandémie COVID.
2022 – Mise en ligne de Forces vives, une anthologie des arts et de la culture franco-albertains des 100 dernières années.