ARTISTES
Soeur Thérèse POTVIN
Musicienne et professeure
Née le 25 juin 1920 à Edmonton
Radio-Canada annonce ainsi le décès de Sœur Thérèse Potvin : « Chef de chœur, auteure, femme de foi… La communauté francophone pleure le décès de sœur Thérèse Potvin, une grande dame de la musique, et rend hommage à la pionnière de l’enseignement musical en français dans l’Ouest. »
En apprenant la nouvelle, Ronald Tremblay (pilier du développement de l’activité musicale francophone en Alberta et fait membre de l’Ordre du Canada en 2022), s’exprime ainsi : « Elle était tellement optimiste, je n’en revenais pas à quel point elle avait de l’esprit et de l’âme… C’était un point de ralliement pas mal extraordinaire. »
Sœur Potvin, fille de Napoléon Charles Potvin et Amélie Montpetit, naît à Edmonton au sein d’une famille qui privilégie, peu importe leur situation financière, les arts et la musique. Charles et Amélie ont 19 enfants.
Thérèse Potvin fait ses études élémentaires à l’école Saint-François-d’Assise, puis ses études secondaires à l’Académie Assomption. Elle joint la congrégation des Sœurs de l’Assomption de la Sainte Vierge (vœux : 15 février 1944) et poursuit ses études à l’Université de l’Alberta (BEd, 1968). Elle entame alors une carrière en enseignement dans plusieurs milieux urbains et ruraux, notamment en Saskatchewan, puis en Alberta. En 1969, Sœur Potvin est diplômée du Conservatoire de musique de Toronto et se tourne définitivement vers l’enseignement de la musique dans les écoles. Elle parfait ses études en Europe où elle fréquente les institutions suivantes : l’Université de Strasbourg, France (MMus, 1972), les écoles Martenot et Orff dans la région parisienne, les écoles Dalcroze et Willems en Suisse, et enfin, des institutions en Hongrie où elle apprivoise les principes de la méthode kodàlienne. Elle mène également des recherches en vue de compléter une spécialisation dans les méthodes actives en éducation musicale (1974 et 1978).
Sœur Potvin réalise par après la série Via Musica, un projet d’enseignement musical aujourd’hui utilisé dans toutes les écoles francophones et d’immersion de la province, ainsi qu’un peu partout au Canada. Via Musica comprend dix recueils totalisant 1600 chansons qui sont illustrées, analysées et réparties en progression pédagogique et accompagnées de CD, DVD et d’une trousse d’outils didactiques. Sœur Potvin utilise des chansons, de la danse et des instruments dans son enseignement de la musique.
« Le fondement même de cet enseignement porte d’abord sur le folklore hongrois. La religieuse a compris que cette méthode pouvait s’adapter à la réalité francophone à l’aide du répertoire en français, depuis les comptines jusqu’aux pièces plus complexes, permettant d’inculquer à l’apprenant les notions de rythmes, d’intervalles et de formes. », dit Michel Charron.
Devenue une sommité en matière d’éveil à la musique, non seulement en Alberta mais aussi à l’extérieur des frontières de la province, Sœur Thérèse Potvin prononce des conférences aux États-Unis, en Europe et au Japon. Selon son directeur de maîtrise à l’Université de Strasbourg, Marc Honnegger, « [l]a richesse des ouvrages et leur utilité pédagogique sont sans équivalent dans le monde francophone ».
La religieuse s’engage énormément dans la communauté francophone de sa province natale et fonde l’Alliance chorale Alberta en 1963. De 1977 à 1991, elle est chargée de cours à la Faculté Saint-Jean et y développe un programme de formation pour enseignants échelonné sur trois ans. Elle fonde également la chorale Les Chantamis (1967 – projet du Centenaire) et l’Association Kodaly de l’Alberta (1983).
En 2012, Sœur Potvin reçoit le premier prix Albert-La-France devant une foule rassemblée pour les Choralies d’Edmonton. Cette même année, l’Association Via-Musica de l’Alberta est créée pour poursuivre l’œuvre de la pédagogue chevronnée.
Le 23e Symposium Kodály et festival de musique se déroule à Camrose en Alberta du 8 au 13 août 2017, un mois après le décès de Sœur Potvin. C’est Sœur Potvin qui signe le mot de bienvenue à ce symposium. Pour en prendre connaissance, visitez ce site.
Voici le témoignage de deux utilisatrices de la méthode Kodály en Alberta : « Ce sont des ressources formidables. Sœur Potvin les a organisées par niveau. Elle a décortiqué toutes les chansons afin d’analyser les rythmes, les mélodies et les formes. » Nicole St. Jean, enseignante à l’élémentaire.
« En plus des ressources et du guide pédagogique qu’elle a élaborés avec son équipe, Sœur Thérèse s’est mise à offrir des ateliers afin d’assurer la pérennité de la méthode chez les francophones. » Joanne Lamoureux, formatrice de la méthode Kodály.
Notons qu’un prix hommage porte le nom de Sœur Thérèse Potvin pour récompenser la contribution d’individus ou d’associations à l’avancement de la chanson d’expression française dans l’Ouest et le Nord canadiens.