ARTISTES
René RICHARD
Peintre-trappeur, né le 1er décembre 1895 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse ; décédé à Baie-Saint-Paul, Québec, en 1982.
RENÉ RICHARD
Peintre d’aucune école.
Magicien des couleurs.
Amant du Grand Nord.
Ambassadeur des trappeurs.
Tel est décrit René Richard à l’occasion de sa mort à Baie-Saint-Paul au Québec en 1982.
Le célèbre peintre avait laissé sa marque. L’ensemble de son œuvre lui avait mérité une place à l’Académie royale canadienne des arts, il avait reçu l’Ordre du Canada et même la bibliothèque municipale de sa ville d’adoption, Baie-Saint-Paul, porte aujourd’hui son nom.
Pourtant, en Alberta et dans le nord-ouest du Canada, des régions qui ont inspiré son œuvre, René Richard demeure largement inconnu.
La famille Richard est arrivée à Cold Lake, en Alberta en 1909. Pour les trois décennies suivantes, René Richard a sillonné les forêts du nord-ouest du pays en tant que trappeur et coureur des bois, s’inspirant des gens et des paysages. Ces années formatrices sont à la fois la source et le cœur de l’œuvre du grand artiste.
Beaucoup a été écrit et réalisé au sujet de la vie de René Richard. Mais ces recherches, quoique riches et fort intéressantes, ont surtout été menées d’une perspective québécoise. Les années formatrices du peintre se passent dans le nord-ouest du pays, et plus particulièrement, en Alberta.
La vie de René Richard se dessine en plusieurs étapes. Tout d’abord, de 1909 à 1913, la famille Richard s’établit en Alberta. Ensuite, de 1913 à 1926, l’artiste sillonne et découvre les forêts de l’Alberta et d’autres régions du nord-ouest du Canada en tant que trappeur. Puis de 1927 et 1930, il poursuit des études à Paris, à la suite de la rencontre à Cold Lake d’un Français du nom de Bonnard qui reconnaît son talent. Une fois là-bas, une rencontre providentielle avec son éventuel maître et mentor Clarence Gagnon lui ouvre un tout autre univers, en commençant par la découverte du Louvre et du Jardin des plantes, entre la ville et la campagne, de la Haute-Savoie, jusqu’en Suisse, en suivant un itinéraire et un curriculum développés par Gagnon.
Après trois ans de formation, Richard en a assez de la vie en ville, et son amour pour les grands espaces le ramène au Canada en 1930. À son retour, il achète un canoë d’écorce d’autochtones de la région au coût de 25$ et entreprend un voyage sur la rivière Churchill, à partir de la rivière Castor près de Cold Lake, jusqu’à la Baie d’Hudson.
À partir de 1933, il retourne dans le Nord-Ouest. Cette période de la vie de l’artiste est moins bien documentée. On sait qu’il a moins de temps libre puisqu’il doit travailler comme commis au magasin de son père. Lorsque la Grande Dépression frappe les Prairies, René Richard s’installe dans le grenier chez ses parents et se donne plus sérieusement à son art. Il refuse toujours de vendre ses œuvres. Il peint sur du papier d’emballage que sa mère lui procure. Il se penche principalement vers le dessin, en l’absence de matériel d’art conventionnel pour la peinture. Au cours de la période 1930-1938, l’artiste sera certes parvenu à réaliser quelques progrès sur le plan artistique alors que l’aventurier aura emmagasiné d’innombrables impressions durables en sillonnant le fleuve Churchill, puis les grandes rivières du nord de l’Alberta, dont l’Athabaska (1935) et la Saskatchewan (1937). Les étés des années 1930 à Cold Lake sont ses périodes les plus productives.
Richard a passé une bonne partie de cette première période à vivre comme trappeur et chasseur avec son grand ami et complice Richard “Dick” Demeriez. Ce dernier aurait accordé de nombreuses heures d’entrevues audio en français sur ses années passées avec son ami peintre au début du 20e siècle.
Gabrielle Roy, une auteure francophone du Manitoba installée au Québec, et voisine de René Richard dans Charlevoix, s’inspire de la vie de ce dernier pour publier « La Montagne secrète » en 1961. Richard a fourni les illustrations pour ce roman qui sert à sculpter et enraciner la légende du peintre-trappeur. « La Montagne secrète » raconte l’aventure d’un peintre-trappeur et de « ses années d’errance dans les paysages mythiques du Grand Nord canadien, ses rares rencontres, le lent apprentissage de son métier d’artiste appliqué à saisir le visage le plus nu de l’homme au milieu de la nature tantôt amicale et tantôt inhospitalière qui l’entoure, puis sa découverte de Paris et de la Provence, et surtout la recherche patiente du sens de son art et de sa propre vie. »[1]
À partir de 1938, Clarence Gagnon reprend en main la formation artistique de Richard, qui s’installe en permanence au Québec, principalement à Baie-Saint-Paul. Il professionnalise sa méthode et expose régulièrement dans les grands centres. En 1977, la plupart de ses œuvres sont déposées au Musée national des beaux-arts du Québec. Après son décès, on continue à exposer son œuvre en hommage à une carrière remarquable.
GAETAN BENOIT (avec la collaboration de DENIS PERREAUX)
Sources:
Bouchard, Jo-Anne, Renée Richard et son œuvre: au confluent du pays mythique et la tradition, thèse de doctorat en histoire présentée à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval, Québec, 2007, 471p.
Fondation René-Richard, Renée Richard: ma vie passée, Montréal, Art Global, 1990. 153p.
Quenneville, Jean-Guy, Le voyage d’un solitaire, Renée Richard, 1930-1933, Montréal, Éditions du Trécarré, 1985.
[1] Cité du résumé aux éditions Boréale, https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/montagne-secrete-2039.html, consulté le 17 octobre 2022.