ARTISTES
Patricia LORTIE
Artiste multidisciplinaire
Née en 1967 à Jonquière, au Québec
Patricia Lortie a grandi à Brossard en banlieue de Montréal, s’est installée à Calgary en 1995 et pratique l’art à temps plein depuis 1999.
Ce qui se dégage de l’œuvre de Patricia Lortie est une impression de calme, de contentement et de douceur, émotions exprimées par l’infini de la ligne courbe, qui rappelle les longs mouvements sinueux d’un cours d’eau paisible. « Dans mon travail, explique-t-elle, les couleurs et les formes sont juxtaposées, fusionnant et se séparant, créant un monde en constante évolution où la tension fluide et la cohésion coexistent. »
Que Patricia entreprenne une peinture, une sculpture, une installation ou un projet communautaire, son art est fortement influencé par la nature, spécifiquement la forêt et l’eau. Dès l’enfance, libre de courir la campagne, elle s’est ouverte au monde, à la recherche d’aventures et d’expression personnelle.
Si pour l’artiste l’expérience de la nature se traduit par une relation émotionnelle « ancrée dans l’expérience du réel » plutôt que dans le réel, il vient un temps où elle doit choisir entre le réalisme et l’abstraction. En effet, jusqu’en 2012, Patricia peignait les arbres et l’eau, ses sujets de prédilection. Dans cet art réaliste, elle avoue qu’elle copiait ce qu’elle voyait, même si sa technique donnait à ses grandes toiles un aspect sculptural, le pinceau arrivant à créer un effet tridimensionnel.
Cependant, Patricia sentait qu’il était temps d’aller au delà de la technique en quête de quelque chose de plus profond. Étape difficile, mais inévitable. La forêt et l’eau sont toujours présentes dans les tableaux plus récents, mais réinterprétées, en incorporant dans des scènes de nature moins figuratives des silhouettes de femmes aux formes sinueuses, qui se propulsent, virevoltent, s’allongent et se replient, en une perpétuelle mouvance portée sur un courant infini.
Dans cette nouvelle chorégraphie de l’eau, le fond et les couleurs jouent un rôle primaire. En ce sens, Patricia considère Gustave Klimt et Alex Janvier deux influences majeures. « Klimt combine les personnages avec le fond, ce que j’utilise beaucoup dans mon travail. Et Alex Janvier utilise les couleurs pour créer du mouvement. »
Ainsi, avec ce style, qu’on a qualifié d’abstraction organique , Patricia explique ce qui compte pour elle : « C’est d’exprimer la relation entre les êtres vivants et ce que je peux observer en nature. Je me suis approprié le monde réel et je l’ai transformé. »
À la suite de cette longue poursuite de la transformation du réel, Patricia Lortie est vraiment sortie de sa zone de confort en 2020 avec la création d’une installation sculpturale, « Les Gardiens/The Keepers ». Cette réinterprétation de la forêt est « une réflexion visuelle et une métaphore sur la relation entre l’identité collective et individuelle ». Au cours d’une résidence d’artiste au KO Arts Centre près de Calgary, elle a développé une technique originale en construisant ses arbres avec du carton recyclé. L’installation est accompagnée d’une vidéo qui projette sur les arbres ces mêmes silhouettes de l’abstraction organique, passage éphémère des humains dans l’environnement forestier. L’exposition inaugurale a eu lieu au CAVA à l’été 2021 dans le cadre de l’exposition de groupe « Présence des femmes » .
La formation artistique de Patricia inclut deux ans en design industriel à l’Université de Montréal, un apprentissage « fondateur » pour elle. Et, au fil de ses besoins créatifs, elle a acquis d’autres techniques. Ainsi, pour préparer deux sculptures jumelées, « Dare to Dream », exposée à Vancouver dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver de 2010, elle a suivi un cours de soudure au collège Red Deer et, avec une artiste de Calgary, un atelier de moulage de verre. En incorporant dans ses sculptures de bronze et de verre les aspirations de plus de cinq cents individus, leurs rêves réalisés ou non, le but de l’artiste était de réitérer ce que nous avons en commun.
Donc pour l’artiste, autant que son travail, l’interaction avec le public demeure vitale, non seulement sous forme de projets d’art communautaire, mais aussi en offrant des ateliers aux enfants et aux adultes et des camps d’été en pleine nature. « C’est un engagement de communauté, explique Patricia, qui me fait sortir de mon studio. J’aime beaucoup les gens et de tels projets les invitent dans un processus de création. Cela diversifie aussi mes sources d’inspiration. »
Et la collaboration avec d’autres artistes ? « Ce n’est pas dans ma nature, mais avec les années, j’ai compris la valeur de me pousser dans des zones où je n’irais pas, et qui font avancer ma pratique personnelle. »