ARTISTES
Karen BLANCHET
Artiste peintre
Née en 1952 à Meadow Lake en Saskatchewan
Karen Blanchet est née en 1952 à Meadow Lake en Saskatchewan, a déménagé quarante fois, en passant par l’Australie (pendant treize ans), pour revenir dans l’Ouest canadien et éventuellement s’établir à Edmonton en 2011.
On peut à juste titre qualifier Karen Blanchet d’éternelle vagabonde. Même si, après une vie de pérégrinations, elle s’est sédentarisée dans son studio à deux pas de la maison à Edmonton, son œuvre reflète l’intense recherche d’un paradis perdu. Du point de vue formel, cette quête tend vers l’illumination, aussi bien spirituelle qu’artistique. Ainsi, elle expérimente avec les effets lumineux, représentés dans ses tableaux par de multiples ronds blancs juxtaposés sur ses paysages. Ces cercles créent une brillance, comme des éclats de lumière qui font vibrer le sujet évoqué . Elle décrit sa démarche fondamentale ainsi : « L’appel de créer l’harmonie sur Terre sonne parmi les traces colorées coupant la beauté en morceaux. »
Si cette description paraît mystérieuse, il faut comprendre le contexte. En Australie, malgré l’ampleur de l’espace, Karen a connu une expérience cloîtrée, imposée par la famille. Malgré tout, à la maison et à l’école, on l’encourageait à dessiner, à jouer avec les couleurs, à peindre à l’huile, à copier des photos. Pendant un temps, la peinture par numéros l’a captivée et lui a beaucoup appris. Encouragement mitigé, cependant.
C’est à Sydney que les vannes de la création se sont ouvertes quand elle a pu s’inscrire à la Julian Ashton Art School. Comme elle le dit, ce fut « the absolute highlight of my young life ». Son professeur lui a ouvert les yeux; il lui a appris les proportions, les angles, les tons, les formes, le mélange des couleurs; techniques qui guideraient plus tard une profonde réflexion.
Cependant, son père tenait à ce que Karen devienne avocate, alors elle s’est inscrite à l’Université de New South Wales. Mais, pour défier le paternel, elle a préparé un Bachelor of Arts Honours French Degree. « En Australie, un diplôme tout à fait inutile! » lance-t-elle dans un grand rire.
Petit à petit au cours des années et, une fois de retour au Canada, Karen acquiert une réputation comme aquarelliste, peintre-paysagiste et muraliste. Et les pérégrinations se poursuivent, cette fois, quand elle s’associe à une demi-douzaine de groupes d’artistes, dont la SAVA et le collectif Devenir , et qu’elle prépare de plus en plus d’expositions. Le contact avec d’autres artistes l’encourage à peindre à temps plein, à expérimenter avec la technique mixte et à se dépasser. Mais c’est dans son studio à Edmonton que l’artiste s’épanouit et où elle conçoit le style qu’elle appelle neomosaic (néomosaïque) et qui définit son œuvre et de sa réflexion.
La néomosaïque est une technique qui permet d’entrer dans les espaces, qu’elle dit négatifs, entre les objets et d’y faire surgir la lumière. Ainsi qu’elle l’explique : « En faisant confiance aux espaces fournis par le hasard, je place soigneusement les couleurs, sombres ou claires. À partir du chaos, l’unité se développe. » Elle procède par petites touches et les couleurs qu’elle applique, couche par couche, créent un effet de brillance. Et ainsi, elle remplit les espaces entre texture et dégoulinades .
Et elle fait une analogie avec la physique nucléaire en parlant des quarks et des gluons. La science a appris que l’espace vide, imaginé par les Anciens, entre le proton et les électrons d’un atome est en réalité formé d’ondes d’énergie. Dans les tableaux de Karen, en juxtaposant les couleurs, des ondes lumineuses, ou photons apparaissent dans la partie vide entre les objets peints. Comme elle le dit : « Je m’occupe de la lumière qui se produit entre les fissures. La lumière pénètre à travers les brisures et illumine le cœur. » Une fois terminé, le tableau a réellement l’aspect d’une mosaïque : un tout, créé en recollant les morceaux brisés.
« J’ai passé la plus grande partie de ma vie à errer, écrit Karen Blanchet. Enfant, j’errais physiquement d’un endroit à l’autre, sans le vouloir. En tant qu’adulte, mes errances m’ont conduit dans mon âme et dans les endroits intérieurs sombres où j’ai découvert la lumière. Mes pérégrinations se poursuivent. Dans la lumière, j’ai trouvé un autre trésor : la paix. »
1. Tableau « Abondance » 2019, 48″ x 48″ technique mixte.
2. Société francophone des arts visuels de l’Alberta.
3. Fondé en 2016, le collectif Devenir est formé de cinq artistes albertaines : Karen Blanchet, Doris Charest, Sabine Lecorre-Moore, Patricia Lortie et Danièle Petit.
4. Tableau « Evolution » 36″ x 30″ néomosaïque et technique mixte.
5. Tableau « Brisures Cracks » 2019, 60″ x 40″ néomosaïque et technique mixte.