Jean Gauthier (né à Bonaventure, Québec) quitte sa Gaspésie natale au début des années 1980 pour élire domicile à Edmonton, Alberta. Diplômé en histoire de l’Université de Montréal et en éducation de la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Jean mène une double carrière d’artiste et d’enseignant en immersion française. Il choisit de n’enseigner qu’à mi-temps afin d’avoir le temps de se développer en tant qu’artiste.

L’artiste autodidacte se spécialise dans le crayon de couleur, premier outil de dessin de la plupart des enfants; au fil des ans, il ajoute le pastel sec. Il sensibilise ses élèves à l’art en encourageant et en valorisant leur expression individuelle. Il réunit la rigueur académique et l’atmosphère de fête dans son enseignement, car tout est prétexte à une activité originale de la part de cet enseignant hors pair. Son Café des cœurs du 14 février en est la manifestation ultime : un menu, un décor festif, des serveurs (les élèves) et des petits gâteaux au glaçage rose et des « parents-clients » servis aux petits soins par des enfants sur la voie du bilinguisme.

Lui-même, resté enfant dans son cœur sa vie durant, Jean Gauthier crée des fresques de vie aussi vives et colorées que la vie elle-même. En dix ans, il présente une vingtaine d’expositions et signe également des affiches pour divers organismes, dont Amnistie Internationale, Le Centre de ressources préscolaires Guy Lacombe, The Sexual Assault Centre of Edmonton, The Saint-Albert Walk for Life, le Conseil français (Congrès 1988 et Congrès 1989), le Salon du livre de l’A.C.E.L.F. (Edmonton), le Théâtre du Coyote – « Maman m’a jamais dit ça », et le Théâtre français d’Edmonton « Comme on est différentes, comme on se ressemble… », pièce de Jocelyne Verret. Il signe aussi les dessins de quatre livres pour enfants en immersion française publiés par Guérin Éditeur Ltée, livres des autrices Jocelyne Beaulieu et Jocelyne Verret. Jean Gauthier signe des tableaux sous le signe de l’exubérance et rien n’égale son personnage mythique sa Sœur Jeanne d’Arc, qui, sans conteste, lui ressemble, car elle est exubérante, défi les conventions sociales et est prête à tous les combats.

Homme d’affaires, tout comme son père, Polydore Gauthier, avant lui, Jean, bien avant que ce ne soit à la mode, savait « se diversifier » pour faire en sorte que son art et son enseignement lui assurent un revenu complet : dessins originaux, jeux de cartes, commissions pour marquer des anniversaires de naissance, de mariage, de promotion professionnelle, cartes de Noël (une série nouvelle à chaque année) et même des photocopies de qualité pour les petits budgets. Les conseils scolaires de l’Alberta et de la Colombie-Britannique se l’arrachent pour des ateliers auprès des enfants en immersion française.

Jean accordait une grande importance à son apparence; toujours impeccablement vêtu, moustache et coupe de cheveux soigneusement entretenus, il sacrifiait parfois le confort aux apparences, allant jusqu’à choisir un ensemble seyant plutôt qu’approprié au temps qu’il faisait. Et il savait s’habiller à peu de frais : Value Village, sur l’avenue Whyte, recevait ses nouveautés le mardi; au grand plaisir de Jean, le jeudi, tout était étiqueté et sur les étalages et Jean qui y effectuait un pèlerinage hebdomadaire. Tout lui allait bien et il pouvait dénicher un manteau pure laine bleu pâle, des chaussures pourpres et un foulard de soie assortie pour le complémenter. C’était un véritable dandy.

Jean Gauthier appréciait la bonne nourriture et préparait souvent des plats tirés du répertoire de sa mère, Herméline Cyr (Gauthier). L’artiste aux crayons de couleurs accordait autant d’importance à la présentation des plats à ses invités qu’à un de ses dessins : nappe de table repassée, vaisselle assortie aux plats, serviettes gaies et colorées, repas équilibré, le tout se terminant toujours par un dessert mirifique. Car Jean est un homme au bec sucré!

Homme de rituels, chaque année, au moment de son anniversaire de naissance, Jean créait un dessin commémoratif et se payait deux nuits à l’Hôtel McDonald d’Edmonton avec service à la chambre. Jean se sait gravement malade neuf ans avant sa mort. C’est alors qu’il se met à dessiner un personnage debout sur une île les bras tendus vers le ciel, puis sur un îlot, la terre rapetissant au fil des ans jusqu’à ce que le personnage s’envole dans les airs.

Vingt-cinq ans après le décès de Jean Gauthier, ceux et celles qui ont eu le bonheur de connaître cet homme au cœur d’enfant se rappellent son rire tonitruant et sa joie de vivre contagieuse. Que ce soit au théâtre, au cinéma, dans un café ou à une fête à l’extérieur, si Jean était de la partie, on le reconnaissait à son rire contagieux et entraînant. Certains de ces amis (Jocelyne Verret, présidente, secondée par Ernest Chiasson, Raine Dowell, Marcel Préville, Denis Fontaine, Kevin Mott, Lisette Vienne et Craig Gnauck) incorporent La Fondation-Jean-Gauthier en 1998. Pendant une dizaine d’années, cette fondation offre pendant les vacances d’été des cours d’art à des enfants au talent prometteur. Puis, les activités cessent à cause de la hausse fulgurante des frais d’opération dans les locaux disponibles et la fondation est dissoute.

Sa vie durant, Jean est très près de Marius, le frère qui le précède dans leur fratrie de sept. « Jean et moi étions plus que de simples frères. Nous étions comme des jumeaux. Nous communiquions à la même fréquence générationnelle, sur une même longueur d’onde d’exploration et d’émerveillement devant un monde plein de couleurs, d’imprévus et de diversités, et ce, dans le respect de nos propres perceptions de la vie! Le monde nous bouleversait et nous fascinait en même temps ! »

EXPOSITIONS SOLO
* Faculté Saint-Jean (Edmonton), Semaine culturelle, février 1987
* Faculté Saint-Jean (Edmonton), « 20 ans d’amour du messin », mars-avril 1988
* Restaurant Amandine (Edmonton), « Les couleurs de mon cœur », décembre 1988
* Café La Gare (Edmonton), janvier-février 1989
* La Cabane à sucre, A.C.F.A régionale d’Edmonton (Edmonton), mars 1989
* Alliance française (Edmonton), avril 1989
* Centre 82, Le Franco (Edmonton), mai 1989
* Le Souper au homard, La Société acadienne de l’Alberta (Edmonton), juin 1989
* Café La Gare (Edmonton), juin-juillet 1989
* La Braderie (Bonaventure, Québec), juillet 1989
* Café La Gare (Edmonton), août 1989
* Café on Whyte (Edmonton), « Alberta, je t’aime » , décembre 1989
* Faculté Saint-Jean (Edmonton), « Un souffle de couleurs », 1990
* Walterdale Theatre (Edmonton), 1990
* 9th Street Café (Edmonton), 1990
* Café la Gare (Edmonton), 1990
* Café acadien (Bonaventure, Québec), 1990
* Sweetwater Café (Edmonton), La Mer-Veilleuse, 1990
* Faculté Saint-Jean (Edmonton), « L’Enfant aux crayons de couleurs », 1990
* Faculté Saint-Jean (Edmonton), « Témoignage », 1990
* Café La Gare (Edmonton), « Espace vital », 1992

EXPOSITIONS DE GROUPES
* Semaine culturelle, Faculté Saint-Jean (Edmonton), 1987
* La Braderie (Bonaventure, Québec), 1989
* Semaine culturelle, Faculté Saint-Jean (Edmonton), 1990
* Gala provincial de la chanson, Faculté Saint-Jean, (Edmonton), 1991