D’origine fransaskoise, Giselle Lemire marque l’histoire de la chanson en Saskatchewan. Elle est la première auteure-compositrice-interprète de la province. Elle influencera d’autres artistes à une époque où l’on ne faisait jusque-là que de la musique traditionnelle.

Grâce à une guitare gagnée à un concours, elle se met à écrire ses propres chansons dans sa vingtaine. Elle a puisé cette motivation d’un triste fait vécu. Un enseignant lui reproche de ne pas bien chanter. Elle n’a que douze ans. Cette critique va la suivre longtemps. Elle en est venue à cette réflexion : personne ne pourrait comparer sa voix aux autres si elle crée ses propres compositions.

Le blues fransaskois fut la première chanson originale de la Saskatchewan. Giselle contribuera à cette création collective conçue lors d’un atelier à Zénon Park, en 1977. Après quoi, Laurier Gareau — aujourd’hui figure influente fransaskoise dans le développement des arts — l’inscrit à son insu à l’événement La Recherche de nouveaux talents. M. Gareau avait raison ! Giselle remporte le concours avec trois de ses chansons.

Dans les années ’70, Giselle est une figure marquante des premiers grands rassemblements. En 1978, à Fort Sam dans la vallée de Qu’Appelle, elle anime la première rencontre et la formation de musique pour des jeunes de l’Ouest. Ensuite viendra deux événements importants : le Super fransaskois show à Prince Albert qui rassemble un public de 900 personnes ; et une grande manifestation, On s’garroche à Batoche, où participent 500 jeunes venant des 4 provinces de l’Ouest. Ce spectacle était capté par la grande émission télévisuelle de Radio-Canada, Les Beaux dimanches.

Après des études en théâtre à l’Université Notre-Dame en Colombie-Britannique et à l’Université de Régina en Saskatchewan, elle suit des cours de chant et de composition à Montréal en 1988 et y retrouve Pauline Lapointe et Robert Léger (Beau Dommage). Elle se consacre par la suite au théâtre et fonde en 1985 le Théâtre du Coyote et en assure la direction artistique tout comme la création de pièces qu’elle met en scène.

Un passage à Radio-Canada l’amène à devenir journaliste culturelle, animatrice et réalisatrice à CBKF à Régina et plus tard, dans les années 90, à Edmonton en Alberta. Elle touche à la réalisation à l’Office national du film et offre maintenant des services en direction cinématographique et vidéo. Cela lui permet d’appuyer la production des vidéoclips de sa fille, Ariane Marhÿke Lemire, et de Mireille Moquin. Elle a œuvré aussi pour la compagnie Image Works.

C’est en 2009 qu’elle est séduite par le Spoken Word qui devient une passion. Sans chanter, elle joue alors avec la mélodie des mots… Elle se remet à l’écriture. En 2013, elle devient membre de l’Edmonton Stroll of Poets. Deux de ses textes sont publiés dans leurs anthologies. Finaliste de l’événement Rouge Poetry Slam au Théâtre Garneau d’Edmonton, elle est couronnée lauréate de l’Edmonton Slam Championship. De 2018 à 2022, elle crée des performances avec des musiciens et se trouve régulièrement sur scène. Que ce soit à l’Edmonton Poetry Festival ; le French Twist du RAFA ; l’Alliance française d’Edmonton avec Jason Kodie au piano (2020) ; le Festival d’hiver byzantin 2018 et 2021 (Deep Freeze) avec Marc Beaudin ; et d’autres petites scènes à Montréal et Puerto Vallarta (2021-2022).

Elle a créé une série d’ateliers nommée Poetry Strip Tease… Poets Go Paperless pour explorer la performance avec la mémorisation, et donc sans papier, sans lecture des poèmes, pour mieux les incarner.

En parallèle, elle poursuit son métier de comédienne avec L’UniThéâtre. En 2015, notons sa présence dans la production Le Blues des oubliés de Pierrette Requier ; en 2018, Billy (les jours de hurlement) de Fabien Cloutier, où elle joue avec sa fille Carline. Son parcours mentionne aussi ses performances aux théâtres Northern Light et Citadel.

En 2017, elle interprète le personnage Gertrude dans la série web Abigaëlle et le date coaching de Stéphanie Bourgault-Dallaire d’Edmonton, réalisée par Far West Production et diffusée sur TV5.ca. Elle prête sa voix à la série télé Sel et diesel diffusée sur Unis TV et en 2021, à une autre série documentaire pour AMI Network qui suit la chanteuse métisse Laura Vinson auprès d’autres artistes des Premières Nations.

FrancoMusik Alberta (projet de la Société du gala albertain de la chanson) lui confie le rôle de coordinatrice de projets en 2018 et 2019 pour faire la promotion des artistes professionnels de la chanson franco-albertaine. Elle revient en 2021 pour animer le FrancoFusion 2021, concept qu’elle avait créé 3 ans auparavant.