ARTISTES

Georges BUGNET

Écrivain et auteur, naturaliste et militant francophone
Né Georges Charles Jules Bugnet, le 23 février 1879
à Chalon-sur-Saône (Haute Savoie)

Georges BUGNET

Avoir suivi les directives de sa mère pieuse et sévère, le jeune séminariste des établissements des Oblats de Marie-Immaculée serait devenu prêtre dans sa région natale de Bourgogne. Au lieu, il poursuit une maîtrise à la Sorbonne et obtient des postes liés au journalisme, notamment en tant que rédacteur-en-chef de La Croix de la Haute-Savoie à Annecy. La relation parentale érode au point de rupture au moment où il épouse Julia (née Jeanne Ley) le 29 avril 1904 – mariage que ses parents essaient en vain de bloquer par voie judiciaire.

Le temps que Georges Bugnet passe dans des établissements catholiques des Oblats de Marie-Immaculée lui met en contact avec les missionnaires de l’Ouest et du Nord canadiens qui lui stimulaient l’imaginaire, tels que le père Émile Petitot. En 1904, des tensions sociétales vives placent Bugnet entre l’enclume du conservatisme catholique et le marteau du sécularisme français qui met fin à l’enseignement confessionnel. N’ayant plus d’attaches familiales fortes, Georges et Julia se laissent séduire par la campagne de recrutement d’immigrants franco-catholiques menée par l’abbé Jean Gaire qui promet des terres riches agricoles. Le couple débarque à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick le 5 janvier 1905 et après un bref séjour à St-Boniface, ils prennent une concession près du Lac La Nonne à 100 kilomètres au nord-est d’Edmonton, Alberta.

Bugnet introduit la nature dans chaque sphère de sa vie. Julia et lui s’établissent pendant 49 ans dans une concession transformée en plantation et là, élèvent leurs 10 enfants dans des conditions aussi rustiques en 1905 qu’en 1954. Cet environnement avec des saisons aussi brutales pour les céréales que pour le bétail l’oblige, après quelques cycles de cultivation échoués, à étudier les principes botaniques. Il apprend et expérimente avec le croisement génétique et les espèces propices à la survie dans le Parkland albertain avec ses courtes saisons d’agriculture. Cette expérience mène à une carrière illustre et reconnue pour la création d’espèces de roses toujours célèbres à travers le monde (la Thérèse, par exemple) et la construction d’une plantation de pins sylvestres. Cette plantation a été achetée par le gouvernement de l’Alberta pour sa valeur patrimoniale ; très récemment, elle fait l’objet d’efforts de conservation par les descendants et des amis de Bugnet. Mais c’est dans la littérature que cette relation avec la nature s’articule le plus clairement.

Selon un expert de l’œuvre littéraire de Bugnet, son roman La Forêt demeure « un des chefs-d’œuvre de la littérature régionaliste du Canada ». On observe également que sa littérature reflète une assimilation remarquable et rapide à la “canadianité” par son amour pour la nature et la terre. Mais il ne tombe pas dans le romantisme du terroir paroissial agraire comme la tradition clérico-nationaliste et canadienne-française établie de l’époque. Il a su passer outre pour apporter une perspective littéraire unique à lui. Des analyses plus récentes de son œuvre soulèvent, par contre, une problématique quant à une vision, relativement commune à l’époque, de la femme en tant qu’être essentiellement subalterne et nourricier.

L’œuvre littéraire de Bugnet s’étend de la parution de son premier poème Coyote dans le journal Courrier de l’Ouest en 1908 jusqu’à 1944, avec la publication de ‘Une version de l’Atlantide’ dans la revue Gants du Ciel. Le rôle d’écrivain dans les journaux franco-albertains de l’époque et de rédacteur en chef de l’Union a facilité la parution de ses travaux dans les pages de ces journaux, rendant la tâche de retracer une bibliographie précise difficile. Grâce à l’anthologie compilée par Bugnet de son vivant, publiée et annotée par Gamila Morcos en 1991, on peut compter une bibliographie de quatre romans, dont les premiers deux Le Lys de sang (1922) et Nipsya (1924) sous le pseudonyme Henri Doutremont (qu’il emprunte de temps à autre dans certains autres ouvrages), suivi de Siraf (1931) et l’œuvre qui représente le summum de sa carrière littéraire, La Forêt (1935). Il publie également trois journaux, quatre poèmes, deux pièces de théâtre, six comptes, incluant le célèbre et réussi, Le Pin du Muskeg (1924). Il signe également une centaine d’articles et d’essais dans multiples journaux à travers sa longue carrière.

Georges Bugnet est homme extraordinaire par sa trajectoire scientifique, intellectuelle et culturelle. Son héritage est assuré par les noms qui sont toujours associés à une dizaine de variétés ses roses, dont la plus ancienne et célèbre la « Thérèse Bugnet » (1941) ainsi que la « Lac La Nonne », la « Betty Bugnet », la « Marthe Bugnet », la « Marie Bugnet », la « Anne Bugnet », la « Madeleine Bugnet », la « Rita Bugnet », la « Louise Bugnet », la « Lac Majeau » et la « Mme Georges Bugnet ». En 1967, il reçoit un prix spécial de la Western Canadian Society for Horticulture. Il est décoré par les Palmes académiques qui lui sont décernées par le gouvernement français pour littérature et science. À partir de ces mêmes motifs, il est récipiendaire du Certificate of Achievement Award in Horticulture and Literature octroyé par le gouvernement de l’Alberta en 1972.

Après une longue vie d’implication, entre autres comme un des membres fondateurs de l’Association canadienne-française de l’Alberta, Georges Bugnet est décédé le 11 janvier
1981 à quelques semaines de son 102e anniversaire de naissance.

Ouvrages notables:
o Le Lys de sang, 1923 [Sous le pseudonyme d’Henri Doutremont]
o Nypsya, 1924
o Le Pin du muskeg, 1924
o La Défaite, 1934
o Siraf, 1934
o La Forêt, 1935
o Les Voix de la solitude, 1938
o Hymne à la nuit, 1939
o Canadiana, 1941
o Albertaines : anthologie d’œuvres courtes en prose, 1981

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