Eve Marie Forcier, c’est un peu la Dominique Michel (l’âme du Bye-Bye québécois) de l’Alberta. Elle est issue d’une grande famille théâtrale. Son père, Julien Forcier, a dirigé le Théâtre français d’Edmonton (TFE) à deux reprises, 1970-73 et 1988-91. Sa mère, Eve Marie (Rita Bourassa), a dirigé elle aussi le TFE de 1977 à 1979. Son fils, Vincent Forcier, est comédien, metteur-en-scène et chorégraphe, et a lui aussi été directeur artistique de L’UniThéâtre d’Edmonton en 2020-21.

C’est à huit ans qu’Eve Marie monte sur scène pour la première fois, alors qu’elle est pensionnaire chez les Ursulines à Trois-Rivières. Mais c’est après avoir déménagé à Edmonton à l’âge de 10 ans qu’elle se consacre plus sérieusement au théâtre. Elle joue dans Ma petite ville (Thornton) en 1971, La mouette (Tchekhov) en 1974, L’ile des chèvres (Betti) et Le temps d’une vie (Lepage) en 1978. Elle fréquente l’Académie Assomption en 7e et 8e année, puis l’École J.H. Picard (aujourd’hui Maurice Lavallée) ou elle obtient son diplôme en 1976.

Cet été-là, elle suit les ateliers de mime de Claude Saint-Denis au Mont-Orford, avant d’entrer à l’université à l’automne. Elle y suivra des cours en théâtre, avant de décider de quitter les études pour travailler un peu partout en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec.

Eve Marie revient en 1988 pour terminer son baccalauréat au Campus Saint-Jean et faire sa scolarité de maitrise en traduction littéraire. Elle n’abandonne pas la scène, puisqu’elle joue dans Au petit bonheur (Sauvageon) (1988), Les grands départs (Languirand) et et Jacques ou la soumission (Ionesco) pour L’UniThéâtre en 1988-1990, et gagne in un prix Sterling collectif pour le meilleur spectacle en un acte pour Conversation sinfonietta (Tardieu) dans le cadre du festival FRINGE de 1990. Eve Marie joue également pendant quelques années dans la Ligue locale d’improvisation d’Edmonton (LLIE). En 1992, Elle se joint à une équipe de comédiens et comédiennes sous la direction de Ronald Tremblay pour enregistrer On t’aime Josette, un radioroman improvisé de 20 épisodes, qui seront diffusés en 1992 et 1993 sur les ondes de CHFA, la radio de Radio-Canada en Alberta.

En 1993, elle fait partie, avec une dizaine d’autres personnes, du projet Pour une théâtralité franco-albertaine au Campus. Elly reçoit des formations théâtrales selon la méthode Lecocq et le Cycle du repère, avec des professeurs du conservatoire d’art dramatique de Québec. Elle effectue simultanément une tournée dans les écoles de l’Alberta avec le spectacle Je suis un ours (Gauthier) et joue dans La Locandiera (Goldoni) à L’UniThéâtre, avant de coordonner leur Festival théâtre jeunesse. Par la suite, elle couvre le festival de théâtre FRINGE pour Radio-Canada. Eve Marie retournera trois fois au Festival théâtre jeunesse, une fois pour y donner des ateliers, et deux fois en qualité de membre du Jury.

L’année suivante sera déterminante pour Eve Marie : elle commence sa carrière à Radio-Canada en qualité de journaliste culturelle pour Info-Culture, un poste qu’elle occupera pendant 6 ans. Elle traduit en français la pièce pour enfants Fish Whiskers, qui devient Barbapoisson. Mais c’est surtout la première année d’une tradition théâtrale qui perdurera pendant plus de vingt ans : Le Bye-bye albertain, connu sous le nom du RIRe. C’est en discutant avec un des profs du conservatoire d’art dramatique que j’ai décidé de monter ce spectacle,’ explique Eve Marie. « Il m’avait dit : en fait, ce qu’il vous faudrait, ici, c’est un Bye-Bye albertain. J’ai trouvé l’idée intéressante, et avec des amis de l’impro et des collègues, on a monté le spectacle la veille du Nouvel An, et qui a été diffusé simultanément sur les ondes de la radio de Radio-Canada. » Quelques années plus tard, le spectacle est enregistré d’avance, ce qui permet de mieux lécher la production. Elle organise le 20e anniversaire du RIRE en 2014, puis produit une dernière fois le spectacle en 2015.

Eve Marie a également une longue liste d’accomplissement en tant qu’animatrice d’événements culturels. Entre 1994 et 2009, elle a été scénariste, animatrice et co-directrice de plusieurs Galas albertains de la chanson, et animatrice de quelques Chant’Ouest (gala interprovincial de la chanson), en plus d’animer un grand nombre d’événements communautaires à Edmonton et partout en province.

« Mon projet le plus satisfaisant ? Le Rire ! » affirme Eve Marie. « J’ai investi tant d’efforts, de sueur, de larmes et de rires dans ces spectacles ; deux de mes enfants y ont participé, et ça été mon bébé pendant 20 ans ».

Après avoir été journaliste culturelle, Eve Marie devient animatrice de l’émission du matin de CHFA pendant six autres années, avant de devenir réalisatrice, puis première réalisatrice pour le diffuseur public, poste qu’elle occupe toujours. Malgré ses nombreuses responsabilités professionnelles, dont la gestion de l’actualité culturelle et artistique en Alberta, elle continue de monter sur scène : Sganarelle (Molière) 1997, Les élections et Au ciel, au ciel (Levasseur-Ouimet) 2000-02, Les belles-sœurs (Tremblay) 2020 et Pins ! (2021). Nul doute qu’elle continuera de répondre à l’appel des planches dans les prochaines années.