ARTISTES
Doris CHAREST
Artiste multidisciplinaire, spécialiste de la technique mixte en peinture et en dessin
Née en 1956 à Falher dans le nord de l’Alberta
Même si Doris Charest s’est orientée vers les arts, la peinture ne s’est pas imposée de prime abord. Elle obtient un baccalauréat en Beaux Arts de l’Université de Calgary, mais ses études sont en photographie et en poterie. C’est à Houston, au Texas, en 1985 qu’elle suit un atelier de peinture « pour passer le temps ». Elle qualifie son expérience d’épiphanie. « La peinture ne m’intéressait pas avant, explique-t-elle. Des fois, le déclencheur, c’est l’enseignant. La manière de présenter » le sujet.
Cette double découverte aura un impact sur la carrière de l’artiste. En effet, elle s’engage dans sa nouvelle passion en suivant de nombreux cours de peinture, tout en s’inscrivant au baccalauréat en éducation à l’Université de l’Alberta, puis au programme de maîtrise en éducation des arts visuels. Chargée de cours, elle enseigne dans diverses institutions, notamment au Campus Saint-Jean. De plus, sur sa chaîne YouTube, elle donne des cours et partage ses trucs de peintre. Un autre aspect important du parcours de l’artiste est son association avec les artistes francophones de l’Alberta lorsqu’elle devient membre du CAVA en 1992 et, plus tard, du RAFA . Plus spécifiquement, Doris est membre du collectif Devenir .
En cours de route, elle cite les artistes Cai Guo-Qiang et Chagall comme influences de marque. En expérimentant avec les matériaux, Cai Guo-Qiang nous « entraîne dans toutes les directions », ce qui est une gigantesque ouverture vers la créativité. Quant à Chagall, Doris « adore les couleurs, l’esprit de bonheur et celui des contes et la manière de montrer les contes » dans ses toiles, ce qui déclenche une entière liberté d’expression.
Depuis 2013, Doris expose ses œuvres en solo ou dans des expositions de groupe, principalement en Colombie-Britannique et en Alberta. Elle a aussi exposé au Michigan, au Texas et au Québec.
Quelles que soient ses activités communautaires, pour l’artiste-peintre la nature reste résolument sa source d’inspiration primordiale. Pour elle, « les champs du nord de l’Alberta sont la matière pour la mémoire, pour les souvenirs ». Dans ses tableaux, elle cherche, d’une part, à saisir une impression ou « ce que la nature te donne comme personne » et, d’autre part, ayant grandi sur une ferme, elle regarde le paysage avec l’œil d’un cultivateur. « C’est un travail d’amour pour ces gens qui aiment la terre », précise-t-elle. Enfant, elle se souvient des pionniers, son père et sa famille, qui racontaient l’histoire de tel champ, comment il était cultivé, ce qui s’y cachait. Donc, dans l’œuvre visuelle se cache aussi une certaine oralité.
Pour Doris, un autre aspect de son intimité avec la terre d’origine se reflète dans l’expérimentation avec les matériaux. La technique mixte dans ses tableaux et dans ses dessins lui permet d’utiliser la nature différemment. Ainsi, elle ajoute de l’encre à l’aquarelle, inclut des nids de guêpes dans ses collages, ajoute de la ficelle, du plâtre ou du fil de métal dans ses tableaux. Ou encore, elle teint du tissu avec les feuilles d’arbre pour retrouver la couleur des « feuilles tombées qui retournent à la terre et deviennent humus ». La genèse de l’attraction des textures et des couleurs, principalement l’or, le jaune et le bleu, vient d’une enfance entourée de champs de blé, de canola et de lin. « Ces couleurs influencent mes couleurs, dit-elle. C’est ce que la campagne m’a offert pour regarder le monde. »
Et, ainsi, par l’intermédiaire de la technique mixte dans les grands tableaux et dans les dessins, Doris raconte une histoire qui cherche à provoquer chez les visiteurs leurs propres souvenirs et les invite à découvrir une nouvelle façon de voir la vie. Principalement, nous dit Doris Charest : « Je peins avec l’intention de découvrir comment les matériaux que j’applique expérimentalement s’offriront comme sujet. »