« Sur la lune, il n’y a pas encore des divisions créées par l’homme. » C’est l’une des raisons pour laquelle Cristian Murillo a choisi de la Luna comme nom de scène.

Il est né en Colombie, durant les années noires du trafic de stupéfiants par les cartels et de la corruption rampante au sein du gouvernement.

En août 1989, Norberto Murillo, journaliste et père de Cristian, se trouve au mauvais endroit lors de l’assassinat de Luis Carlos Garan, candidat à la présidence de Colombie. Pour protéger les narcotrafiquants responsables, la police et les autorités corrompues inventent un complot et arrêtent un groupe de personnes innocentes, dont le père de Cristian, qui sera faussement accusé et passera plusieurs années en prison. À sa sortie, sa vie est en danger et il doit fuir avec sa famille. C’est ainsi qu’en 1999, Cristian se retrouve à Jonquière, au Québec, à l’âge de 17 ans, ne parlant pas un mot français. « À chaque fois que tu perds quelque chose », explique Cristian, « tes souvenirs deviennent une source d’inspiration. » Il apprend le français, apprivoise son pays d’adoption et développe son talent de musicien. Il commence à composer des chansons qui parlent de nostalgie et d’exil, mais également des émotions qui accompagnent sa transformation en néo-Canadien Il devient aussi un activiste qui défend les droits humains. À travers sa musique, il cherche à effacer les divisons, et unir les cultures.

À la fin d’un contrat de traduction pour Immigration Canada, Cristian déménage à Edmonton, et s’associe avec Ivan Mendoza pour devenir leader du groupe La Luna de Santiago. Deux autres musiciens, Jason Kuchar et Tow Lowry, se joignent ensuite au groupe. En plus d’être chanteur, Cristian est compositeur et assure la guitare rythmique. Leur musique, d’influence latine, Reggae et Funk, marie leurs diverses influences culturelles. Leur album, Puede Ser, sera en nomination dans la catégorie meilleur album Musique du monde du Western Canadian Music Awards en 2013.

Par la suite, Cristian choisit un parcours en solo. Il s’intègre à la communauté francophone albertaine. « Au Québec, ma culture colombienne est devenue très importante, explique Cristian. Quand je suis arrivé à Edmonton, c’est ma culture francophone qui est devenue très importante. Heureusement, j’ai trouvé ici une belle communauté, dans laquelle je vis. »

En octobre 2018, Cristian fait paraître l’album Sabes, dont le musicien Raphaël Freynet assure la réalisation. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada Alberta, Cristian parle de sa relation créative avec Raphaël : « Avoir une personne qui écoute tes chansons, qui travaille avec toi et qui travaille sur ton projet, (…) c’est un partage, ça a été une découverte pour moi, c’est merveilleux! »

Le disque Sabes décroche le prix de l’album de musique latine de l’année aux Edmonton Music Awards. Cristian obtient également une nomination comme artiste de l’année, dans la catégorie Musique du monde – solo aux Prix de la musique Folk canadienne de 2019.

Cristian continue de travailler avec Raphaël Freynet, et ils ont plusieurs projets. « Travailler avec Raphaël est tout simplement fantastique », raconte Cristian dans une entrevue pour l’hebdo L’eau vive de Régina. « Nous avons une belle connexion. Ses talents multiples en tant que multi-instrumentaliste, réalisateur et choriste donnent au projet une projection plus large. » En 2021, Il part pour le Mexique avec lui et Nathan Ouellette pour enregistrer une partie de son prochain album avec le célèbre réalisateur Gerry Rosado. Ce dernier devait venir au Canada, mais les restrictions sanitaires l’en ont empêché. Alors, Cristian et son équipe y sont allés.

Au début de 2022, Cristian et ses associés ont entamé une tournée en Saskatchewan et au Manitoba, et le musicien prépare le lancement de son deuxième album solo, intitulé Qué pasará ?

Comme le dis si bien son compatriote Gabriel Garcia Marquez : « Les choses ont une vie bien à elles ; il faut réveiller leur âme, toute la question est là. » La musique de Cristian de la Luna est là pour assurer ce réveil.